Mathématiques et Littérature

  • Citations :
  • Poèmes
    • Boris VIAN (1020- 1959)
       Racine carrée $\sqrt{}$ - Recueil En avant la zizique
      :
      Il y'a des racines de tout' les formes.
      Des pointues, des rond' et des difformes
      Cel' de la guimauve est angélique
      Il y a une Racin' qui est classique
      Et la mandragore est diabolique
      Mêm' s'il nous bassin' on n'y peut plus rien
      Mais la racine que j'adore 
      Et qu'on extrait sans effort-eu
      La racine carrée est ma préférée
      Une racine qu'a un aspect louche
      C'est cell' de l'arbre de couche
      Le drogué vend son âme
      Pour cell' de l'arbre à cames
      Si la racine du manioc a
      De quoi fair' du tapioca
      Evitons tout' not" vie
      (de bouffer) celle du pissenlit
      Il y a des racin' qui s' vend' en bottes
      Le radis, l' navet ou la carotte
      Vous connaissez celle de la bruyère
      Dans laquelle' on taille des pi' en terre
      Il y a la racin' de canne à pêche
      Cultivez la donc, qu'est-ce qui vous empêche ?
      Mais la racine que j'adore 
      Et qu'on extrait sans effort-eu
      La racine carrée est ma préférée.
      (Source : Hypercube Maths et Malices n°14 Octobre 1996)
    • Eugène Guillevic(1907 Carnac - 1997  Paris)

      Il publie, pendant l'occupation, en 1942 son premier recueil de poèmes "Terraqué".
      En 1967 il publie "Euclidiennes" un ouvrage entièrement consacré à la géométrie.
      Voici deux poèmes de Guillevic :

      • Droite
        Au moins pour toi
        pas de problème.
        Tu te crois t'engendrer de toi-même
        A chaque endroit qui est de toi,
        Au risque d'oublier
        Que tu as du passer
        Probablement au même endroit.
        Ne sachant même pas 
        Que tu fais deux parties 
        De ce que tu traverses,
        Tu vas sans rien apprendre
        Et sans jamais donner.
      • Tangente
        Je ne toucherai qu'une fois
        et vous saurez que c'est furtif.
        Inutile de m'appeler,
        Tout autant de me rappeler.
         Vous aurez grandement le temps
        De vous redire ce moment
        Et d'essayer de vous convaincre
        Que nous restons l'un contre l'autre.

      • Des élèves de 5ème 1 du Collège "Saut du Lièvre" de BISCHWILLER (Haut Rhin) sous la direction de leur professeur Marie Christine WEIBEL ont réalisé aussi des poèmes à la manière de Guillevic.
        • Cylindre
          Une colonie de cercles
          Bien prétentieux
          Voulant être chacun
          le plus grand.
          Ils se superposèrent 
          Pour le savoir.
          Et restèrent comme cela
          A jamais
          Pour former un cylindre.

          BAGUR Michel (5ème 1)
        • Parallèlogramme
          Je suis un rectangle
          Las de ma forme
          Je souhaite me transformer.
          Je demande à mon copain
          De tirer sur son angle
          Droit supérieur.
          A mon étonnement,
          Je me retrouve transformé
          en un très joli parallélogramme.

          BERNBACH Mélanie (5ème 1)
        • Etoile

          Tu n'es ni la lune, ni le soleil.
          Tu scintilles dans la nuit d'été,
          Avec tes six branches
          Qui ressemblent à des triangles,
          Et ton cercle circonscrit
          Qui effleure tes sommets.
          HUBER Carine (5ème 1)
        • Carré

          Un rectangle, le plus petit,
          Qui s'est fait rétrécir.
          Avec tout plein de couleurs,
          D'angles droits et de diagonales.
          Hélas, ce petit carré est en pleurs,
          Parce qu'il est le plus petit de sa famille.

          HEITZ Valérie (5ème 1)
          (Sources : Article Maths et Plume - Hypercube Maths et Malices - Janvier/Février 1998)

        • Mathématiques
          Quarante enfants dans une salle,
          Le tableau noir et son triangle,
          Un grand cercle hésitant et sourd
          Son centre bat comme un tambour.

          Des lettres sans mots ni patrie
          Dans une attente endolorie.

          Le parapet dur d'un trapèze,
          une voix s'élève et s'apaise
          Et le problème furieux
          Se tortille et se mord la queue.

          La mâchoire d'un aigle s'ouvre.
          Est-ce une chienne ? Est-ce une louve ?

          Et tous les chiffres de la terre,
          Tous ces insectes qui défont
          Et qui refont leur fourmilière
          Sous les yeux fixes des garçons.

          Jules SUPERVIELLE, Gravitations, Ed Gallimard, 1925.

      • Des sommets et des mathématiques
        Oh! la géométrie ! Affreux réfrigérant !
        Comme l'aile des vers au triangle se prend !
        Comme le pauvre essor du poète s'apaise
        Devant le polyèdre et meurt dans le trapèze !
        Sous l'algèbre et le spleen comment ne pas plier ?
        Que de fois j'ai maudit, quand j'étais écolier,
        Les x et les y, et la stupeur qu'engendre
        Biot multiplié par Bezout et Legendre.

        Victor HUGO.

      • Le point qui veut se faire aussi gros que le cercle.
        Un point vit un cercle
        Qui lui sembla de beau diamètre
        Lui qui n'était pas gros en tout comme un oeuf,
        envieux, s'étend et s'enfle , et se travaille
        Pour égaler la figure en rayon,
        Disant :"Regarde bien mon frère :
        est-ce-ce assez ? Dites-moi : n'y suis-je point encore ?
        - Nenni - M'y voici donc ? - Point du tout - M'y voilà ?
        - Vous n'en approchez point . "
        Le chétif pécore 
        S'enfla si bien qu'il en creva.
        La géométrie est pleine de points qui ne sont pas plus sages :
        Tout segment veut bâtir comme les droites,
        Tout petit triangle a ses médianes,
        Tout carré veut avoir ses hauteurs.

        Bérenger VILLAT - 4ème Collège Aix en Othe